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Sempre le stesse cose
Vidéo numérique
Cinq femmes filmées sur cinq années: contrairement à ces chiffres qui peuvent faire croire à un exercice oulipien, "Sempre le Stesse Cose" est la chronique endurante du quotidien de quatre générations (la dernière encore au sein), confinées dans un petit appartement, un basso du quartier napolitain de la Sanità. La pièce principale fonctionne comme un théâtre de poche, avec sa fenêtre unique qui s’ouvre comme un rideau d’où sort l’appel du boulanger ambulant. Mais le titre indique combien l’approche est exempte de toute complaisance folklorique. Des relations tendues se dessinent entre Giovanna et sa grand-mère, à mesure que l’appartement se confirme gynécée: cacochymes, emprisonnés ou exilés sans leur épouse, les hommes n’existent que hors-champ, comme si le choix de filmer surtout la pièce principale produisait un effet centrifuge. Ménage, escamotage des lits pliants, épluchage devant un feuilleton ou visite de la cousine forte en gueule: la répétition des mêmes tâches produit un saisissant effet de "jump cut" à des années de distance. Même après une grande ellipse qui révèle un décès et une naissance, le lieu semble si immuable que le remplacement d’un canapé-lit tient de la péripétie. Le film fait ainsi apparaître le retour cyclique des grossesses et des départs précoces des jeunes filles comme relevant presque d’une temporalité de mythe qui transcende les déterminations sociales ou psychologiques. (Charlotte Garson, catalogue Cinéma du réel 2015)