Biographie
Henriette Bloch (1889-1965)
Ses études achevées, elle s’oriente vers l’enseignement et devient professeur d’école primaire supérieure à Nancy où elle se marie en 1921. Son mari ayant été nommé à Alsthom, le couple s’installe à Belfort. Sociétaire très active de la Société belfortaine d’émulation dès 1937, membre du Comité en 1951, elle fait plusieurs causeries très appréciées.
Elle écrit sous le pseudonyme de Luce Retten. Son œuvre principale, Juive ou Française ? Roman vécu, parue en 1952, est l’histoire de sa vie bouleversée par la guerre et la déportation des siens [son fils Julien meurt en déportation]. Elle collabore au Messager boiteux de Strasbourg, ainsi qu’aux Saisons d’Alsace.
Elle est la première déléguée pour Belfort de la Société des écrivains d’Alsace, de Lorraine et du Territoire de Belfort. Officier de la Renaissance française du Mérite civique.
(Source : Dictionnaire Biographique du Territoire de Belfort, Tome 1, pp.77-78)
Le Journal d’Henriette Bloch
Le fonds "Henriette Bloch" a été déposé par la Société Belfortaine d’Emulation aux Archives départementales du Territoire de Belfort en 1965, après le décès de Madame Bloch. Outre des manuscrits et des documents d’époque, il contient le journal qu’elle a tenu de 1915 à 1965.
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Pendant l’Occupation, Henriette Bloch décrit avec une grande pertinence les réactions de la population face aux persécutions dont elle et sa famille sont victimes. « Elle est âgée de cinquante ans quand la guerre débute, en 1939. Elle vit à Belfort. Elle est juive, institutrice, républicaine, laïque. Et elle aime écrire, notamment dans son journal intime qui ne la quittera pas pendant la traversée de toutes ces années sombres. Ce sera son premier confident, celui à qui elle racontera le quotidien de ces années si particulières : l’antisémitisme auquel elle mit du temps à croire, sorte de piège se refermant sur elle, puis l’arrestation et la déportation de son fils ainsi que la longue attente qui s’en est suivie. Au rythme des dates, cette femme nous parle de ce qu’elle ressent, de ce qui se passe autour d’elle, de ce qu’elle voit depuis sa fenêtre sur la place de cette ville occupée, de sa relation avec son fils, ses voisins, de sa vie, de la vie. La lecture du journal est souvent interrompue par celle des différents « Avis » qu’Henriette découpait soigneusement dans les journaux et rangeait dans son cahier des lois antisémites qui tombent une à une sur la famille Bloch. Angoisses et joies quotidiennes alternent et se répondent. Car malgré l’étau qui se resserre, la nourriture qui se fait de plus en plus rare et les évènements tragiques, Henriette continue d’admirer le ciel bleu et le chant des oiseaux ».
François Marcot in Henriette Bloch, journal intime, fragments (1940-1945), CNRD 2019, Bibliothèque municipale de Belfort
Henriette et Julien Bloch, fragments d'une vie et d'une disparition, à Belfort pendant la seconde guerre mondiale
Henriette et Julien Bloch, fragments d'une vie et d'une disparition, à Belfort pendant la seconde guerre mondiale