Joan Miró - Le feu intérieur

Vidéo numérique

Sole, Albert (Réalisateur)

À la faveur de la rétrospective que le Grand Palais lui consacre, une exploration passionnante de l’œuvre protéiforme de l’artiste catalan, entre imagination débridée et lucidité radicale.

Défricheur inlassable de nouveaux territoires artistiques, Miró (1893-1983), frère artistique de Picasso, autre génie espagnol qu’il rejoint à Paris dans les années 1920, a conjugué liberté absolue et foisonnante créativité. D'innombrables tableaux, mais aussi des dessins, des céramiques, des tapis, des sculptures : son œuvre puissante et protéiforme, trop souvent réduite, derrière signes primitifs et symboles, à l’imaginaire de l’enfance, recèle aussi une part d’ombre, tant l’artiste catalan s’est ingénié à explorer une transgressive radicalité. Fréquentant les poètes, plus encore que les peintres, ce compagnon de route indocile des surréalistes aspirait d’abord au dépouillement et, en quête d’une révolution permanente, s’est méthodiquement employé à "assassiner la peinture". De sa série "Barcelone", des lithographies en noir et blanc empreintes de gravité qui rompent avec les couleurs et la lumière auxquelles on l’associe, aux toiles qu’il brûle à 80 ans, à l’heure même où sa cote atteint des sommets, ce travailleur acharné n’a cessé de dynamiter son image avec jubilation pour, toujours, faire "jaillir une étincelle".*

Géant attachant
À l’occasion de la rétrospective que lui consacre le Grand Palais, du 3 octobre au 4 février 2019, ce documentaire, nourri de riches et très vivantes archives dont un savoureux duo en imperméable avec Prévert, retrace le parcours de ce farouche opposant à Franco, géant attachant et iconoclaste de l’art du XXe siècle. Avec son petit-fils, Joan Punyet Miró, en charge de son legs colossal, et de créateurs qui l’ont côtoyé, le portrait d’un artiste élégant d’une grâce toute juvénile, dont le feu intérieur n’a jamais faibli, jusqu’à la fin de sa vie, il y a trente-cinq ans.


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