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Mémorable
Vidéo numérique
Mémorable, le mot qualifie en général un événement important dont on se souviendra longtemps. Dans l'histoire de Louis, artiste-peintre auquel André Wilms prête sa voix, et de sa femme Michelle, le mot prend un tout autre sens, celui de la perte progressive de la mémoire dûe à une maladie neuro-dégénérative. Bruno Collet, cinéaste d'animation rennais dont l'oeuvre oscille entre cinéma de genre ("Le Petit Dragon") et documentaire animé ("Le Jour de gloire"), a découvert dans l'oeuvre du peintre anglo-américain William Utermohlen, atteint de la maladie d'Alzheimer, l'inspiration visuelle de son film. Comme Utermohlen, qui s'applique à dessiner des autoportraits de plus en plus flous et monochromes, Bruno Collet symbolise la perte des fonctions cognitives de Louis par l'effacement graduel de Michelle, réduite à quelques taches de couleur au stade ultime de la maladie de son mari. De facture étonnament réaliste, le film met pourtant en scène des marionnettes de 30cm animées en "stop-motion". Cette technique très ancienne, popularisée dans les années quatre-vingt-dix par le studio Aardman de Bristol (Wallace et Gromit), est la technique favorite de Collet, qui fabrique lui-même les prototypes de ses personnages à l'aide d'une pâte à modeler aux propriétés particulières, la plastiline. Il fabrique aussi les décors et les objets parfaitement identifiables qui peuplent les différentes pièces de la maison, donnant aux spectateurs une impression de déjà-vu, de familiarité et de naturel, ce naturel que l'on retrouve dans les dialogues entre les différents personnages, toujours teintés d'humour. Oeuvre d'art à part entière, le rendu visuel du film s'inspire de quelques grands artistes du passé, Van Gogh surtout, mais aussi Giacometti, Hopper..., qui apportent une touche d'imaginaire bienvenue à une situation qui n'est que trop réelle.