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Les guichets du Louvre
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L'errance d'un jeune couple de hasard en pleine rafle du Vel d'Hiv. Ce récit épuré de Michel Mitrani fut le premier à exposer la responsabilité française de cette sombre opération.
Le 16 juillet 1942, dans un Paris occupé, Paul, un étudiant aux sympathies anarchistes, est averti que la police française prépare une gigantesque rafle dans les quartiers juifs de Paris, notamment celui du Marais. Il s'y rend avec le vague projet d'aider ceux qu'il pourra à sortir de la nasse. Mais alors que la police française, aidée de la milice, embarque dans des cars et des autobus des milliers d'enfants, de femmes, d'hommes, de vieillards, ceux qu'il parvient à aborder, inconscients du danger, refusent son secours. Il s'attache alors à une jeune fille, Jeanne, passant outre à ses réticences. Parce que française, celle-ci se croit en sécurité, mais elle apprend par une voisine que sa mère et sa sœur viennent d'être arrêtées…
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Roger Boussinot a attendu vingt ans pour raconter dans un roman à peine fictif la journée d’errance impuissante au milieu d’une horreur tranquille, vécue dans sa jeunesse. Quand sort le film de Michel Mitrani, dix ans après le livre éponyme, l'écrasante responsabilité française de cette rafle et, au-delà, de la déportation de près de 75 000 juifs de France, reste encore largement occultée. Par petites touches précises, le réalisateur d'Un balcon en forêt excelle à peindre la réalité de cette opération de police orchestrée par Vichy au vu et au su des Parisiens. Entre l'ignominie et la solidarité spontanée, comme celle de ces souteneurs qui aident le jeune couple à s'échapper, l'indifférence domine, de la part des exécutants comme des témoins. Auprès d’une impressionnante galerie de seconds rôles (Judith Magre, Michel Auclair, Alice Sapritch…), les jeunes et émouvants Christine Pascal et Christian Rist donnent chair et sang à la banalité répétitive du crime de masse en train de se commettre.