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L' idiophone / Forever Pavot, ens. voc. & instr.
CD
Publié par Born Bad Records. Romainville , 2023
Pantouflard de studio autoproclamé, Forever Pavot a beau passer pas mal de temps à la maison, il sait se transporter ailleurs en deux mesures. Il y a un art du récit dans "L'idiophone", qui ne prend que trois minutes pour se déployer. C'est toute la BO d'un film lyophilisé avec soin, délicieuse minute-soupe pleine de morceaux, qui reprend du volume dans nos chaines hi-fi en y ajoutant un peu de whisky.Ca s'ouvre sur une poursuite parano de gangster mélomane en Ami 8, dans lequel Emile Sornin s'offre de petites coquetteries remarquables, comme un pinpon d'estafette de flics qui - malgré l'effet doppler - arrive à rester dans l'harmonie. Mauvais souvenirs de confinement peut-être, la maison Sornin est un champ de bataille : dérouiller méthodiquement les objets en chuchotant, c'est "dans ses cordes". Sa pendule le saoule, et devient prétexte à une leçon de solfège rythmique speed et carrée.L'album a été réalisé en étroite collaboration avec Vincent Taeger (batterie), Maxime Daoud (basse) et Sami Osta (réalisation et mixage), qui a délicatement trouvé une place à l'armada de claviers, cuivres et de cordes sur lesquelles Arnaud Sèche est venu poser quelques flûtes. La voix est bien en avant, on dit merci. Le texte est reçu cinq sur cinq.Le projet de Forever Pavot se dessine très bien: depuis "Rhapsode" (2014) et "La pantoufle" (2017), son flirt avec la chanson commence à ressembler à un pacs.Emile Sornin, tout comme ces instruments solipsistes qui se suffisent à eux-mêmes, se débrouille très bien pour produire une musique idiosyncrasique mais familière. D'âge moyen, à défaut d'être du moyen-âge, le multi-instrumentiste nous livre un album mature, qui révèle modestement sa maitrise de quelques générations de combinaisons ivoire / boutons avec ou sans amplification.Quelques instrumentaux permettent au groupe de jouer avec les choeurs wawa à la Morricone, de marier ondes Martenot et piano bastringue et partout, la reverb à ressort qui lie le tout comme une bonne mayo. Il serait dommage, par réflexe, d'ancrer la compréhension de sa musique dans celle de ses ainés des années Pompidou-Giscard : comme eux, Forever Pavot sait écrire, point.