Philidor champion d’échecs
François André Philidor, par Charles-Nicolas Cochin (1715-1790) et Augustin de Saint-Aubin(1736-1807), 1772. ©BnF
Musicien renommé, François-André Danican Philidor (1726-1795) fut aussi, de très loin, le meilleur joueur d’échecs du XVIIIe siècle. Il se prit de passion pour le jeu qu’il découvrit puis pratiqua au Café de la régence, adresse incontournable pour les joueurs d’échecs parisiens dont Diderot – habitué du lieu au même titre que Rousseau – donne une description au début du Neveu de Rameau. Philidor y rencontra Kermur de Legal, premier joueur d’échecs professionnel, dont le nom resta à la postérité. A partir de 1741, ce dernier devint son maître, mais Philidor le surclassa rapidement, démontrant une grande maîtrise dans la pratique, tout en étant très en avance dans sur la théorisation du jeu. Le jeune champion fascinait public et adversaires par son aisance à jouer sans même regarder l’échiquier.
Philidor, premier grand théoricien du jeu d’échecs
Page de titre de l'édition princeps.
Grâce à l’appui de 127 souscripteurs, Philidor publia à Londres l'Analyze des Echecs, en 1749, à l’âge de 22 ans. Il s’agit d’un des premiers traités d'échecs en langue française et un classique du genre. Véritable succès, l'ouvrage fut réédité une centaine de fois et traduit rapidement dans de nombreuses langues. C’est le seul témoignage des conceptions échiquéennes de Philidor, les parties qu'il a jouées à l'apogée de sa carrière n’ayant pas été conservées.
L’édition princeps et les deux éditions pirates de ‘l’Analyze des Echecs’ en 1749
L’édition princeps de L’Analyze des Echecs fut imprimée en 433 exemplaires grâce à la contribution de 127 souscripteurs dont la liste est dressée dans les pages préliminaires VI à VII de l’ouvrage. Figure en tête de liste le duc William Augustus de Cumberland, troisième fils du roi de Grande-Bretagne George II, général qui officia notamment pendant la guerre de Succession d’Autriche et celle de Sept Ans, à qui est adressé l’épître dédicatoire. Le succès de l’ouvrage fut immédiat comme en témoignent les 2 éditions pirates imprimées la même année, acquises par le Docteur Mennerat pour sa collection qui, en bon bibliophile, en répertorie scrupuleusement les distinctions. Philidor révisa à deux reprises l’édition première de son ouvrage, en 1777 puis 1790.
Outre ces éditions en français de 1749, le Docteur Mennerat a également réuni de nombreuses autres éditions, parmi lesquelles on trouve :
- en français, les éditions de Paris en 1803, 1810, 1820, de Strasbourg en 1803 et 1812, de Philadelphie de 1821, de Londres en 1752, 1773, 1777 ;
- en anglais, les éditions de Londres en 1750, 1777, 1790, 1791, 1824, 1830, et de Boston en 1826 ;
- en allemand, les éditions de Halle en 1840 et de Gotha en 1779 et 1797 ;
- en néerlandais, l'édition de Gravenhage en 1786.
D'autres éditions reprennent l'Analyse des échecs et y ajoutent des études ou d'autres traités, notamment celui de Philippe Stamma. Elles sont également très nombreuses dans la collection Mennerat.
Philidor musicien
Le Jardinier et son seigneur, opéra-comique de F.A. Philidor. Album Ziesenis. Théâtre hollandais, 1761. Planche 44. Encre de chine, lavis et aquarelle. ©BnF
François-André Danican Philidor, surnommé « le Grand » (1726-1795), est issu d’une dynastie de musiciens célèbres. Doté d’une voix exceptionnelle, il entra dès 6 ans à l’école des Pages de la Musique pour le service de la Chapelle royale de Versailles. Philidor composa son premier motet à l’âge de douze ans. Il continua ses études musicales tout en donnant des leçons de musique, principalement de clavecin, à domicile. Au cours de ses années de formation, il rencontra Rameau à qui il vouait une grande admiration, Diderot, grand passionné de musique, qui deviendra un ami fidèle, et Haendel qu’il côtoya lors de son premier séjour londonien.
Fortement influencées par la musique italienne, ses premières œuvres sacrées furent fraîchement accueillies par le public français. Philidor se résolut alors à diriger sa carrière vers les voies de la musique dramatique. Son caractère enjoué, son intérêt pour toutes les facettes de la vie quotidienne, l’inclinaient à mettre son art au service d’un large public. Il devint alors l'un des créateurs de l'opéra-comique français. Philidor y démontra toutes ses qualités musicales : écriture orchestrale soignée et écriture vocale témoignant d’une verve légère, parfois parodique, pouvant s’élever jusqu’à une expression dramatique.
Ses 24 opéras comiques, composés pour la plupart en collaboration avec le dramaturge Michel-Jean Sedaine, font preuve d’inventivité, et le premier d’entre eux, Blaise le Savetier (1759) remporta un succès immédiat et durable. Suivront notamment Tom Jones (1765) ainsi que la tragédie lyrique Ernelinde, princesse de Norvège (1767) qui lui permeit d’obtenir une pension de Louis XV. Philidor composa également de la musique de chambre, un oratorio profane, Carmen saeculare (1779) d’après Horace, et un Te Deum (1766) qui fut exécuté pour les funérailles de Rameau. En hommage, son buste orne toujours la façade sud-ouest de l’Opéra Garnier.
Photographies des 3 éditions différentes de l'année 1749
Ex libris collé au verso du premier plat intérieur de l'édition princeps + note manuscrite du Docteur Mennerat.
Seconde note manuscrite du Docteur Mennerat consacrée à l'édition princeps.
Dos des 3 éditions de 1749 reliées de l'Analyse des Echecs de Philidor, la princeps (au centre) et les deux éditions pirates.
Ex libris collé au verso du premier plat intérieur de la première édition pirate + note manuscrite du Docteur Mennerat.
Page de titre de la première réédition pirate de 1749.
Page de titre de la seconde réédition pirate de 1749.
Liste des souscripteurs ("souscrivans") figurant dans les pages préliminaires de l'édition princeps.
Préface de l'édition princeps.
Edition princeps.
Edition princeps.
La vignette de fin d’ouvrage de l'édition princips comporte deux bonnets de fou au milieu de fleurs en branches