À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le bilan des destructions, surtout consécutives aux bombardements de mai à août 1944, est impressionnant : les quartiers de la Pépinière, de la gare, du Fourneau et du faubourg des Vosges sont en ruines ou très endommagés, tout comme les bâtiments communaux, les ponts, la voirie et les canalisations. En un an (1944-1945), les réparations possibles sont effectuées. La municipalité se lance dans la reconstruction, aidée par l’État, suite à la reconnaissance comme "ville sinistrée" par arrêté du 22 avril 1945 : se succèdent des opérations de création d’immeubles (extrémité de l’esplanade des fêtes, Béchaud, Grande-Combe, Dardel) au détriment, pour cause d’urgence, de pavillons (à l’exception de quelques constructions comme à la Pépinière).
Le logement de masse, solution opportune à la crise du logement encore persistante et au baby boom, fait aussi son apparition : le quartier des Résidences, qui a nécessité un changement des limites communales avec Bavilliers, est achevé en 1973 ; le quartier des Glacis, première grande extension de la ville vers l’est, au-delà de la fortification, est terminé, lui aussi, dans les années 1970.
Parallèlement, dans un souci de résorption de l’habitat insalubre, un projet de restauration et rénovation (qui suppose démolitions et constructions neuves) de la Vieille ville voit le jour en 1964 ; il est mené à son terme vingt ans plus tard.
A partir des années 1980, le recours à l’habitat de masse est abandonné pour remédier aux problèmes engendrés par ce type de logement : on crée des ensembles comportant des immeubles aux dimensions plus restreintes (ZAC de la Savoureuse, étang des Forges, Four à chaux…). Ensuite les grands ensembles font l’objet de transformations importantes (destruction de la Locomotive en 2000, des tours 12 et 14 rue Parant en 2008, restructurations en petites unités comme dans le secteur de la rue de Provence).
Actuellement, la municipalité souhaite compléter l’offre de logements sociaux par un habitat de standing pour attirer une nouvelle population à Belfort et assurer une plus grande mixité.
Par ailleurs, un élément majeur bouleverse le paysage urbain : l’acquisition de terrains militaires par la Ville débute dès 1945 (caserne Béchaud, à la Pépinière, qui deviendra une zone d’habitation). Cette politique est confirmée en 1970 par la signature d’un protocole d’accord avec le Ministère de la Défense. Des casernes sont détruites, des propriétés de l’Armée sont reconverties en aménagements pour la population civile. La démolition des casernes Gérard et Bougenel, par exemple, a permis la reconfiguration du centre-ville. De même, le Champ de Mars a été transformé en vue de la construction de logements. Ce processus est toujours en cours, comme en témoigne l’acquisition en 2016 de l’Hôtel du Gouverneur qui accueillera l’Office de Tourisme et des services municipaux.
Le développement de la ville est aussi dépendant de la réserve foncière que constituent les espaces non bâtis et les propriétés militaires susceptibles d’intégrer le patrimoine municipal. Cependant, elle diminue et la reconversion de sites représentera peut-être une manne pour la transformation de la cité (par exemple, site de l’ancienne laiterie à l’étang des Forges, site de l’hôpital).
On veille en outre à associer la population à la prise de décision en matière d’aménagement urbain, en tenant davantage compte de la qualité de vie des habitants. Cela aboutit, entre autres, à la réalisation de nombreux équipements culturels, sportifs et de loisirs. Même si des squares et des promenades ont vu le jour dans l’entre-deux-guerres, l’idée d’environnement est relativement récente (aménagement du Salbert, de l’étang des Forges, du Fort Hatry) et elle est maintenant incontournable : on peut citer le projet de création d’une promenade au bord de la Savoureuse.