Contrastant avec le développement "anarchique" d’avant la Première Guerre mondiale, Belfort entre dans une nouvelle ère en matière d’urbanisme : celle de la planification.
Conformément aux "lois Le Cornudet" du 14 mars 1919, visant à la reconstruction des villes détruites pendant la guerre, et du 22 juillet 1924 réglementant la réalisation des lotissements et instaurant le permis de construire, Belfort adopte un plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension, déclaré d’utilité publique en 1927, sur le territoire communal, agrandi par le déclassement du front ouest des fortifications.
L’étendue du champ d’intervention est vaste : voirie, équipements, bâtiments et services publics, logement.
Tout d’abord, en matière de voirie, des rues nouvelles sont ouvertes et des voies privées, déjà existantes, sont incorporées dans le domaine public. S’y ajoutent des travaux de pose de trottoirs, revêtement de chaussées, généralisation de l’éclairage électrique, modernisation et extension du réseau d’égouts. Des alignements (rectification et élargissement) de rues sont aussi effectués et les berges de la Savoureuse sont remplacées par des murs de quai au Fourneau.
En outre, on construit des équipements et des bâtiments et l’on crée des services pour améliorer le cadre de vie (par exemple, les squares du Souvenir, de la Roseraie et Jean Jaurès) et les conditions d’existence (usine d’incinération et ramassage des ordures ménagères, station d’épuration, abattoir, lignes d’autobus, nouvelle gare qui est celle que nous connaissons aujourd’hui, crèche municipale rue Fréry, extension de l’hôpital…). Dans le domaine culturel, les Belfortains bénéficient dès lors d’un théâtre rénové, d’une école de musique municipale, d’une salle de spectacle et d’une bibliothèque installées dans la nouvelle Maison du Peuple.
Enfin, en ce qui concerne l’habitat, les efforts conjugués de différents partenaires (municipalités, Société coopérative Le Foyer, Offices publics Habitations à Bon Marché et Habitations à Loyer Modéré, et quelquefois industriels belfortains) permettent la création de logements sociaux, et notamment de cités-jardins (pavillons avec un petit terrain). La loi Loucheur du 13 juillet 1928 en a facilité la construction par un financement de l’Etat ; elle a également favorisé l’accession à la propriété immobilière des familles modestes. Ainsi des quartiers nouveaux ont vu le jour : le Mont, la Miotte, la Pépinière…
La Seconde Guerre mondiale porte un coup d’arrêt à ce développement urbain, comme cela avait déjà été le cas lors de la Grande Guerre.
La ville change radicalement de physionomie dans l’entre-deux-guerres, elle devient une ville moderne où la qualité de vie des habitants est prise en compte dans les choix liés à l’urbanisme.