L’Antiquité expliquée et représentée en figures
L’Antiquité expliquée et représentée en figures.-Paris, chez Florentin Delaulne. La Veuve d'Hilaire Foucault. Michel Clousier. Jean-Geoffroy Nyon. Etienne Ganneau. Nicolas Gosselin. Pierre-François Giffart. 1722 [-1724]
Collection Bibliothèque municipale de Belfort, 2°88
Dom Bernard de Montfaucon (1655-1741), un symbole d’érudition à l’aube des Lumières
Bernard de Montfaucon, fils cadet d’une famille de petite noblesse languedocienne, est né dans le château de Soulatgé. Après un court passage dans la carrière des armes, il opta pour la vie monastique. Il fit profession, le 16 mai 1676, dans le monastère de Notre-Dame de la Daurade à Toulouse, qui appartenait à la congrégation bénédictine réformée de Saint-Maur. Après dix ans passés dans des monastères du sud de la France, où il compléta sa formation intellectuelle et acquit une parfaite connaissance de la langue grecque, il fut appelé dans l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés à Paris pour y travailler à l’édition des Pères de l’Église de langue grecque. Avec l’aide de quelques confrères, il édita les œuvres de saint Athanase (1698), d’Origène (1713) et surtout de saint Jean Chrysostome parues en 13 volumes in folio de 1718 à 1738. Pour ce faire, il entretint une vaste correspondance avec de nombreux érudits français et étrangers et il accomplit, de 1698 à 1701, un voyage d’études en Italie, où il fréquenta les principales bibliothèques conservant des manuscrits grecs. De leur observation minutieuse, il tira des critères pour la datation des écritures grecques manuscrites qu’il mit en forme dans la Palaeographia graeca (1708). C’est lui le créateur du mot paléographie utilisé depuis lors pour désigner la discipline consacrée à l’étude des anciennes écritures.
Montfaucon portait un très grand intérêt aux documents figurés susceptibles de renseigner sur les siècles passés : sculptures, peintures, monnaies, objets de la vie courante, etc… Il rassembla, classa et publia des reproductions de tous ceux qui étaient connus à son époque dans deux ouvrages, L’Antiquité expliquée et représentée en figures, 15 volumes in folio (1719-1724) et Les monuments de la monarchie française, 5 volumes in folio (1729-1734), qui rencontrèrent un immense succès attesté par plusieurs rééditions et des traductions en anglais, allemand et latin.
Enfin, dans le souci de rendre service aux chercheurs, il publia les nombreux catalogues de manuscrits de bibliothèques françaises et étrangères qu’il avait réunis tout au long de son existence, dans la Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum nova (1739).
Ce fut son dernier grand ouvrage. Il mourut dans l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés où il fut enterré dans la grande chapelle de la Vierge. Ses restes, transférés pendant la Révolution dans le jardin du Musée des monuments français, furent rapportés, en 1819, dans une chapelle du pourtour du chœur de l’église de Saint-Germain-des-Prés. Ils voisinent avec ceux de Mabillon et de Descartes.
(Source : Pierre Gasnault, directeur honoraire de la Bibliothèque Mazarine)
L’ouvrage de Dom Bernard de Montfaucon s’inscrit dans la tradition des travaux des bénédictins de Saint-Maur : recours systématique aux sources, inventaire critique, et souci de constituer une iconographie scientifique. Privilégiant la langue française, c’est un véritable objet de luxe constitué de 1120 planches nécessitant des tirages hors texte.
Les 1800 exemplaires des 10 volumes de la première édition remportent un tel succès qu’on réédite l’ouvrage à 2000 exemplaires la même année. Rapidement traduite en anglais, L’Antiquité expliquée…est de nouveau rééditée en 1724 avec 5 volumes de supplément, eux-mêmes immédiatement traduits.
Champollion voyait en Dom Bernard de Montfaucon, le promoteur de l’archéologie moderne. Si son travail mêle encore érudition pure et curiosité, antiquité sacrée et antiquité profane, il ouvre la voie au projet encyclopédique.
La collection conservée à la Bibliothèque est issue du second tirage de cette première édition. Elle est malheureusement incomplète puisqu’il manque la troisième partie du tome troisième. La Bibliothèque conserve également les 5 volumes de supplément parus en 1724.
(Source : L'Antiquité expliquée et représentée en figures (1719-1724) par Bernard de Montfaucon/Claudine Poulouin in Dix-huitième siècle, année 1995)
Visuels
Page de titre
Frontispice gravé
Collection conservée à la Bibliothèque municpale de Belfort
Dom Bernard de Montfaucon, de la congrégation de Saint-Maur
gravure de Benoît Audran le jeune, XVIIIe siècle
château de Versailles et de Trianon
Genève, bibliothèque publique et universitaire, musée historique de la Réformation
© RMN/Francis Raux