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Reprise. 1
Vidéo numérique
Comme l'explique longuement Hervé Le Roux, dans une interview qui ouvre le dossier de presse de la sortie en salles de la version restaurée du film le 30 mai 2018, "Reprise" est né de la découverte dans une revue de cinéma du photogramme tiré d'un plan-séquence tourné le 10 juin1968 à Saint-Ouen par des étudiants de l'Idhec en grève : "La Reprise du travail aux usines Wonder". Sur cette photo et dans ce film d'une dizaine de minutes, une femme, une ouvrière, crie. Seule parmi les hommes, elle crie qu'elle « ne rentrera pas, qu'elle n'y mettra plus les pieds dans cette taule ». Seule parmi les hommes, elle revendique, elle accuse, tandis que ses compagnons tergiversent et se perdent en discussions stériles. Vingt-sept ans plus tard, en 1995, Hervé Le Roux se lance à la recherche de cette femme et interviewe, au fil de rencontres souvent impromptues, les différents protagonistes du film et d'anciens membres du personnel de Wonder, ouvriers et ouvrières, délégués syndicaux, contremaîtres. Au-delà de l'idée de départ un peu romanesque d'offrir une deuxième prise à celle qui n'a hurlé sa rage qu'une fois, "Reprise" dessine un portrait de la classe ouvrière d'avant 68 et de celle des années 1990, à travers le recueil des souvenirs, parfois très personnels, d'hommes et de femmes filmés chez eux, avec une empathie et un respect évidents. Quelques mois après le tournage débuteront les grandes grèves de l'hiver 1995. « Je n’ai pas voulu faire un film passéiste ou nostalgique (même s’il peut évoquer bien des choses pour les plus anciens ou simplement pour ceux qui ont vécu 68). Les gens de vingt ans le perçoivent, d’une certaine manière, comme un film historique. Il décrit un monde disparu : les grandes entreprises industrielles des banlieues rouges, une forme de culture d’entreprise - un sentiment d'appartenance largement remis en cause par toutes les formes de précarité du travail. Mais en même temps, la condition ouvrière - malgré les discours officiels qui augurent de la disparition des ouvriers comme d’aucuns de la mort du cinéma - elle, perdure.» (Hervé Le Roux)