Kombinat

Vidéo numérique

Gabriel Tejedor (Réalisateur)

La ville industrielle de Magnitogorsk s’est construite autour d’un combinat, l'un des plus grands complexes sidérurgiques de l’Oural. Dans leur quotidien, Maria, Sasha ou Guenia s'interrogent sur leurs conditions de travail et de vie.Après avoir emprunté la route des goulags de la Kolyma dans La Trace, et pris le pouls de la population au moment de l'élection présidentielle biélorusse de 2015 (Rue Mayskaya), le cinéaste suisse Gabriel Tejedor dirige sa focale sur la tentaculaire MMK, l’une des gigantesques usines qui approvisionnent la Russie et l’Europe en fer et en acier. Sorties de terre dans les années 1920, ses cheminées firent la gloire de l’Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale. Privatisée depuis 1996 et dirigée par Viktor Rachnikov, un oligarque proche de Vladimir Poutine, l’entreprise est un des fleurons du capitalisme russe et une machine de guerre au service des intérêts économiques de la Fédération de Russie.Comment expliquer l’attachement des ouvriers à cet environnement hostile qui conditionne leur vie et obscurcit l’horizon ? La plupart des adultes actifs travaillent pour le MMK : dans les usines et les services support, comme l’hôpital où des soignants tentent de réparer les conséquences invalidantes du travail et de l'environnement (troubles du développement, accidents, cancers…) ou comme le centre de danse, où l’on répète un spectacle pour l'entreprise et la fête du Jour de la victoire. Dans la rue aussi, le MMK manifeste sa présence inquiétante à travers une grande campagne publicitaire. Dans un télescopage très contrôlé entre soviétisme et modernité, les discours de propagande sur le travail cohabitent avec des shows de zumba et des défilés de mini-miss.Malgré la fierté et la solidarité des métallurgistes, palpable lors de moments de convivialité, et en dépit de l’adhésion des prolétaires aux discours de Poutine, les graves manquements à la sécurité ainsi que les conséquences extrêmes de la pollution attisent un puissant désir de changement chez les plus jeunes. Les nouveaux parents, notamment, voudraient échapper à cette ville et à un destin forcément lié à la sidérurgie. Les anciens désapprouvent ces projets de départ. Pourquoi quitter l’Oural puisque cette terre est la leur et qu’ils ne savent rien faire d’autre ? Toujours plus envahissante, l’entreprise pèse de tout son poids pour retenir les habitants, malgré le peu de perspectives offertes par cette vie laborieuse.


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