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Spirou, l'aventure humoristique
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En trois quarts de siècle, Spirou a jailli sous quantité de plumes différentes. Né en 1938 de la volonté de Jean Dupuis, éditeur et imprimeur à Marcinelle en Belgique, de transmettre des valeurs édifiantes à la jeunesse, le groom espiègle de l'hôtel Moustic connaîtra beaucoup d'aventures et d'avatars, dans le journal qui porte son nom et dans une centaine d'albums. Coupé de la rédaction du journal à la fin de la guerre, son premier "papa", le Français Rob-Vel, cède la place, en 1943, à Jijé qui, lui-même, passe le relais, au milieu d'une planche, à Franquin. Celui-ci étoffe l'univers du rouquin. Outre Fantasio, inventé par Jean Doisy, premier rédacteur en chef de Spirou, et dessiné par Jijé, le personnage côtoie désormais l'accorte Seccotine, l'insubmersible Marsupilami, le fantasque comte de Champignac, tandis que Gaston pointe un nez désabusé. Curieux et en prise avec son époque, Franquin propulse la petite bande dans la Belgique des années 1950-60, qui se modernise à toute allure, avec ses fauteuils design, ses maisons pimpantes et ses voitures rapides. La Turbo Traction Rhino 1, imaginaire, fit ainsi rêver une foule de petits garçons, dont Dick Rivers, qui l'évoque avec humour dans ce documentaire.
Concours de gaffophones
Sur les images sépia des archives surgit une rédaction hilare, occupée à inventer la bande dessinée de demain et à pratiquer une forme d'humour potache, pied-de-nez libérateur à la morale catholique qui bridait la jeunesse d'alors. Inventé par Franquin et consorts – Morris, Roba, Peyo, Jidéhem… –, le style Spirou fait école, celle de Marcinelle. Cette dernière a fasciné de nombreux dessinateurs. Ce film explore cet âge d'or, marqué par le rédacteur en chef Yvan Delporte, barbu hirsute prêt à tous les gags – concours de gaffophones, lionceau à la rédaction… Mais il s'intéresse aussi aux générations suivantes : Jean-Claude Fournier qui entraîne le groom sur des sentiers bretons et écolo, Émile Bravo qui lui invente une enfance, etc. Calés dans un fauteuil de style Atomium, le même que celui de Fantasio, "spiroulogues", scénaristes, dessinateurs et membres de la famille Dupuis évoquent avec délectation un univers qui, grâce à ces collaborations successives, reste bien vivant.