Réveil
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Réveil
Par les volets mi-clos j’ai guetté l’aube pure,
La diane des coqs et des merles agiles
S’argentait de l’éclat de la rosée fragile,
Et des forêts au loin tordaient leurs chevelures.
La prière montait dans l’angélus vermeil,
Des sources dégrafaient leurs tuniques de fées ;
Et vers les prés fleuris, indolemment couchées,
Des collines bombaient leurs gorges au soleil.
Sous les arbres, dorées d’une poussière blonde,
Les routes propageaient l’allégresse du monde ;
Les portes des maisons riaient émerveillées.
Et les sentiers, sifflant entre leurs baies acides,
Saluaient de leurs chants le beau matin lucide ;
Strophe d’or du poème ardent de la journée.
Léon Deubel
Ce poème, publié en 1909, dans le recueil Poésies, appartient au domaine public. Nous sommes donc en droit de le diffuser librement.
Exil
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Exil
Nous ne reverrons plus blanchir l’aube des villes.
Déjà nous descendons dans la forêt déserte
Les sentiers longs voilés d’une pénombre verte,
Et la douceur de l’air caresse notre idylle.
Le printemps a lustré le firmament pascal.
Nous n’écouterons plus les cloches du dimanche.
Ta voix tremble. On dirait dans le soir de cristal
Un éveil argentin de source sous les branches.
Peureusement, dans l’ombre où notre pas s’égare,
Nous avons vu s’ouvrir l’œil opaque des mares
Sous les cils frémissants du bois insidieux.
Et nos cœurs éperdus de silence s’enfièvrent
De sentir, un instant, se mêler sur nos lèvres
Le miel de la prière et le sel des adieux.
Léon Deubel
Ce poème, publié en 1909, dans le recueil Poésies, appartient au domaine public. Nous sommes donc en droit de le diffuser librement.