FONDS PATRIMONIAUX
La fondation en 1619 d’un couvent à Belfort répondait à la volonté des autorités locales et des Habsbourg - la ville faisait alors partie de leurs terres patrimoniales - de maintenir et fortifier les Belfortains dans la foi catholique, face aux progrès de la Réforme, bien implantée à Bâle, Mulhouse et Montbéliard. En 1789, les confiscations révolutionnaires réunirent les ouvrages du couvent des Capucins, qui devaient constituer, avec ceux des Capucins et des Cordeliers de Thann, le fonds primitif de la Bibliothèque.
Beaucoup de livres ont disparu pendant la Révolution et au début du XIXe siècle (ventes, constitution de la Bibliothèque centrale de Colmar, demande de la Bibliothèque Nationale…), ainsi que pendant le siège de Belfort en 1870.
Plusieurs dons ou legs d’ouvrages imprimés ont enrichi la Bibliothèque au cours des XIXe et XXe siècles : ils concernent l’histoire locale (don Corbis) mais également l’art (don Noll et don Schell) et la littérature (don Dreyfus et legs Deubel).
Le Fonds des manuscrits
Le fonds des manuscrits a été constitué à partir de dons faits aux XXe et XXe siècles, et d’acquisitions effectuées par la Société Belfortaine d’Emulation ou la Bibliothèque municipale. Il comprend 98 documents, des textes manuscrits ou tapuscrits, des estampes et des photographies. On y trouve pèle mêle la correspondance du général Lecourbe, Le Roman de Miraut de Louis Pergaud, un poème de Gaston Chaissac, un dessin de Jean Marais, une lettre sur arrêt pour les statuts des marchands de la ville de Belfort datant de 1739 et signée par Louis XV. Ce fonds est surtout riche de nombreux manuscrits sur l’histoire de Belfort, la vie littéraire mais également militaire locale.
Le Fonds Léon Deubel
Le fonds Léon Deubel est constitué pour l’essentiel de manuscrits littéraires autographes (poèmes, théâtre, essais, composition musicale), de la correspondance du poète né à Belfort, d’éditions originales ou posthumes, d’articles de ou sur Léon Deubel, d’épreuves corrigées, de photographies, d’archives ainsi que de poèmes d’Emile Verhaeren, Jules Laforgue, Fernand Gregh, Paul Fort ou encore Maurice Magne, recopiés par Léon Deubel.
Le saviez-vous ?
Un monument à la mémoire de Léon Deubel, réalisé par le statuaire Philippe Besnard a été érigé au square Lechten à Belfort. Sa ville natale lui consacre une série d'événements en 2013 et 2014, baptisant à cette occasion la Bibliothèque municipale des 4 As.
Le Fonds Mennerat
Le Docteur Jean Mennerat (1917-2007) fut le plus grand collectionneur français de livres d’échecs, avec sa collection de plus de 20000 ouvrages et 6000 exemplaires de revues. Cette collection, remarquable par sa diversité et le nombre de langues représentées (49), embrasse tous les domaines des échecs. S’y trouvent des dictionnaires, des manuels, des traités, des biographies et parties de maîtres, des compte-rendus de tournois, des éditions rares et des ouvrages remarquables du XVIe au XIXe siècle, comme les traités fondateurs de Ruy Lopez ou Gioachino Greco, ou ceux des grands maîtres du XVIIIe siècle, Philippe Stamma et François-André Danican Philidor.
Désireux que sa collection ne soit pas vendue aux enchères et dispersée, le Docteur Mennerat entreprit des démarches qui aboutirent après sa disparation au legs de la collection à la Bibliothèque municipale de Belfort en 2008.
Le saviez-vous ?
La Bibliothèque de Belfort possède une des trois plus prestigieuses collections au monde consacrée aux échecs, après celle de la Bibliothèque publique de Cleveland et celle de la Bibliothèque royale des Pays-Bas, située à La Haye.
Le Fonds Emile Géhant
En 1928, Emile Gehant, conseiller municipal de la Ville de Belfort, devient adjoint à l’instruction publique. Il a alors en charge la Bibliothèque municipale. Insatisfait des horaires d’ouverture de cette dernière à l’époque, il créa en 1936, une bibliothèque ouvrière (appelée également « bibliothèque populaire »), achetant et reliant les livres sur ses propres deniers.
Le fonds de 539 ouvrages, destinés aux travailleurs belfortains, comprend des auteurs populaires, des classiques de la littérature mondiale, des pièces de théâtre, des recueils de poésie, mais également des ouvrages politiques, principalement sur l’histoire du socialisme. Les livres sont reliés de façon uniforme, de couleur rouge.
Le fonds est légué en 2003 par son fils, Emile dit « Milo » Géhant, ancien maire de Belfort.
Le Fonds Jean-Pierre Chevènement
L’ancien ministre et marie de Belfort Jean-Pierre Chevènement commence à faire don de sa Bibliothèque personnelle à la Bibliothèque municipale à partir de 1989. Celle-ci comprend 4343 volumes, certains dédicacés, principalement des ouvrages en sciences politiques, en histoire politique et histoire des idées, en politique étrangère et en science militaire.
Le Fonds local
Le fonds local est l’enracinement de la bibliothèque dans la ville et le terroir qui l’entoure. Il a été constitué dès la fin du XIXe siècle par la Société belfortaine d’émulation qui a alors en charge la gestion de la Bibliothèque municipale. Il est consacré au Territoire de Belfort, à l’Alsace (le Territoire de Belfort était à l’époque la seule partie du Haut-Rhin et de l’Alsace restée à la France après la défaite de 1871) et à la Franche-Comté. Cependant plus la distance de la bibliothèque s’accroît, plus la consistance du fonds s’éclaircit. On y trouve tous les domaines qui caractérisent la région, son patrimoine historique, culturel, industiel et sa géographie (un domaine forestier immense, plusieurs sites naturels exceptionnels). On trouve enfin des revues, mais également des affiches, des programmes événementiels, des cartes géographiques et des cartes postales, des DVD.
Le Fonds Louis Pergaud
Louis Pergaud, l’auteur de La Guerre des boutons (1912), est né en 1882 à Belmont, près de Besançon, et est mort pour la France en 1915. Instituteur, il consacre tout son temps libre à sa plus grande passion, l’écriture, puisant aux souvenirs de sa terre natale, la Franche-Comté, pour composer la quasi-totalité de ses œuvres.
Le fonds Louis Pergaud compte plus d’une centaine d’ouvrages, notamment de nombreuses éditions originales, un florilège d’éditions de la Guerre des boutons, le manuscrit du Roman de Miraut, chien de chasse acheté par la Bibliothèque municipale en 1983 au même titre qu’elle conserve également une lettre autographe de Pergaud, écrite peu avant sa mort.
Le saviez-vous ?
Le prix littéraire Louis-Pergaud a été créé en 1953. Il récompense chaque année un auteur dont l’œuvre traite de la Franche-Comté ou un auteur comtois quel que soit le thème de son livre.
Bibliothèque de la Bourse du Travail
Les Bourses du Travail sont l’une des institutions qui ont le plus profondément et le plus durablement marqué le mouvement ouvrier. Logée dans une salle peu confortable de l’ancien théâtre qui attendait alors sa réfection, la Bourse du Travail de Belfort s’installa en 1933 dans les locaux spacieux qui lui étaient réservés dans l’aile droite du bâtiment de la Maison du Peuple nouvellement construite.
La plupart des Bourses avaient une bibliothèque. Ce service, étroitement associé à celui de l’enseignement, répondait à trois objectifs : former professionnellement, instruire et distraire. Les livres, revues et quotidiens étaient mis gratuitement à la disposition du public.
La Bibliothèque de la Bourse du Travail perd progressivement de son importance, notamment du fait du développement de la Bibliothèque municipale qui occupe alors l’aile gauche de la Maison du Peuple. Elle disparait définitivement en 1964 et son fonds intègre alors les collections de la Bibliothèque municipale.
Le fonds de la Société des Amis de la Bibliothèque de Belfort
Une société des Amis de la Bibliothèque fut créée le 31 mai 1937. Son but était de « de venir en aide financièrement à la bibliothèque municipale, de multiplier certaines acquisitions pour le prêt extérieur aussi bien en ouvrages de fiction qu’en documentaires, mais aussi de créer un fonds de beaux livres : éditions rares, originales, ouvrages illustrés par des artistes modernes, reliures d’art et un service de bibliographie descriptive et analytique. » A partir de 1939 et jusqu’à sa dissolution en 1960, elle enrichit considérablement les collections de la Bibliothèque municipale grâce aux cotisations de ses membres. Ce fonds riche de 2737 volumes cotés SA et AS, a été progressivement intégré au fonds général de la Bibliothèque municipale.
Le Fonds bibliophilie contemporaine
Le Fonds Bibliophilie contemporaine est riche de plus de 600 volumes. Constitué à partir d’achats, complété par des dons importants, il comprend des éditions originales d’œuvres d’Aragon et d’autres poètes surréalistes, des livres édités par des maisons comme GLM (Guy Lévis Mano), Le Verbe et l’Empreinte ou par le peintre et graveur René Bonargent, des livres-objets et des livres d’artistes locaux, des reliures romantiques datant de la seconde moitié du XIXe siècle par Lefort, Mégard, Barbou, Mame, Lehuby et Ardant.
Le Fonds Dreyfus
A partir de 1933, Jean-Charles Dreyfus, commerçant belfortain et bibliophile, fit don à la Bibliothèque municipale de romans français et étrangers des années 30. La bibliothèque personnelle de Jean-Charles Dreyfus fut ensuite achetée par la ville de Belfort en 1971. Le fonds Dreyfus comprend environ 6000 ouvrages édités entre 1837 et 1964, principalement des livres sur l’histoire de France et de l’Europe, sur la Seconde Guerre mondiale, des essais en sciences politiques et en sciences sociales, de la littérature française et étrangère, classique et contemporaine.
Le saviez-vous ?
La plupart des livres anciens (livres fabriqués de manière artisanale, imprimés sur une presse à bras entre le milieu du XVe siècle et les années 1830-1840) présents en bibliothèque municipale appartiennent l’Etat. Il s’agit de biens dits nationaux qui ont été confisqués aux aristocrates, aux ordres religieux et aux institutions d’Ancien Régime par l’Etat et la nation à la Révolution. C’est ainsi le cas de la majeure partie des ouvrages présents dans le fonds ancien dit des Capucins de la Bibliothèque municipale de Belfort.