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L'Ombre de Venceslao
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"Ta mère est une p..." éructe le metteur en scène Jorge Lavelli devant des chanteurs médusés qui se frottent probablement pour la première fois et avec trop de retenue au texte de l'auteur argentin Copi, "L'Ombre de Venceslao". L'Opéra de Rennes accueille en 2016, avant une tournée française et sud-américaine initiée par le Centre français de promotion lyrique, la création de cette oeuvre contemporaine écrite, composée, mise en scène par un trio d'origine argentine et dirigée par un hispanophone : à la plume, Raul Damonte Botana, alias Copi, auteur en 1977 de la pièce "La sombra de Venceslao", traduite en français par Jorge Lavelli vingt ans plus tard et montée au théâtre à cette occasion ; à la composition, Martin Matalon, autre Argentin installé à Paris, auteur d'une oeuvre luxuriante axée sur la musique de chambre et les partitions d'acompagnement du cinéma muet (Metropolis, L'Âge d'or, Un chien andalou) ; au pupitre, Ernest Martinez-Izquierdo, chef catalan rompu au répertoire opératique contemporain. Enfin, à la direction d'acteurs et scénographie, Jorge Lavelli, figure tutélaire du théâtre d'avant-garde (Gombrowicz, Copi, Arrabal...) Durant les longues semaines de répétition, de juin à octobre 2016, le plateau et l'ensemble des espaces du théâtre ont résonné des cris et des chuchotements des différents protagonistes du spectacle. Caroline Rubens a su jouer de son apparente liberté d'aller et venir, pointant sa caméra vers les artistes en répétition ou les interviewant, se glissant en tapinois au milieu de conciliabules en espagnol, parfois tendus, entre le metteur en scène, le compositeur et le chef. En dépit de sa courte durée (moins d'une heure), le film témoigne avec acuité du défi artistique et logistique que représente la création d'un opéra contemporain.