Cavalier Express

Vidéo numérique

Alain Cavalier (Réalisateur)

Voyage passionnant à travers les petites formes prodiguées depuis les années 1980 par Alain Cavalier, "Cavalier Express" offre un écrin somptueux à huit courts métrages tournés au fil du temps, à partir de la préparation du film "Thérèse", succès critique et public qui a propulsé l’auteur, de son vivant, au Panthéon des cinéastes. C’est à cette époque que Cavalier, tournant résolument le dos à la machinerie financière du cinéma et à la pesanteur des tournages, devient le filmeur, un homme libre et joyeux qui invente une écriture légère, proche des hommes et des femmes dont il capte des moments de vie, caché derrière l’œilleton de sa caméra. Certains de ses projets sont à visée documentaire, d’autres introduisent une dose de fiction, voire d’autofiction lorsque le filmeur devient le filmé. Après une première incursion dans ce nouveau genre, avec la célèbre "Lettre" qui témoigne de l’intensité du travail sur "Thérèse", l’aventure solitaire se poursuit avec le tournage des émouvants portraits de femmes artisans sur la période 1987-1991, dont le film offre trois beaux aperçus : La Matelassière, La Rémouleuse et L’Illusionniste. Quel but poursuivait Cavalier en fixant sur la pellicule les visages et les corps, parfois marqués, de ces femmes de l’ombre, exerçant un métier noble mais aussi un dur labeur ? L’auteur explique sa démarche: «J'ai tourné 24 portraits de 13 minutes. J'ai choisi cette courte durée pour plusieurs raisons: ne pas ennuyer, échapper à toute coupure publicitaire, réaliser le film vite, dans un élan et sans trop de ratures». Très différents, les deux films de 2006, "Agonie d’un melon" et "J’attends Joël", montrent une autre facette du cinéaste, son goût pour ce que Georges Perec qualifiait d‘infraordinaire, les objets, les choses qui nous entourent et les petits événements de la vie, comme la déchéance inexorable d'une cucurbitacée ou l’attente inquiète d’un ami pour aller voir la finale de la coupe du monde de football au café du coin. Et puis, revenant à la manière d'une obsession, la réflexion sur le cinéma se poursuit à travers le remontage du film "La Chamade" de 1968, qui devient "Elle, seule" (2011), hommage à la beauté de l’actrice Catherine Deneuve. Et enfin, ultime sujet, la mort à l écran, la souffrance et la mort des acteurs, qui obéissent aux injonctions du cinéaste à "Faire la mort", avant que celui-ci n’en comprenne la fondamentale obscénité au moment de la vraie mort, celle d’un père, puis d’une mère.


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