Hervé Guibert, la mort propagande

Vidéo numérique

Teboul, David (Réalisateur)

Séduisant et subversif, Hervé Guibert, mort du sida, a marqué les esprits en mettant en scène les derniers moments de sa vie. Un portrait intimiste de l’écrivain photographe, disparu il y a trente ans.

 

De cette "maladie inexorable", Hervé Guibert n’a pas guéri. Le miracle qu’il avait tant espéré n’est pas advenu. Mais, avant sa mort en 1991, trois ans après avoir appris sa séropositivité, il a gravé dans son œuvre, littéraire et photographique, "les lieux de [sa] souffrance", "les stations de [son] chemin de croix". Corps amaigri et joues creusées, le bel homme aux cheveux bouclés qu’il fut, celui dont le regard clair irradiait les clichés de bord de mer, aura livré un combat farouche contre le sida. Une lutte de chaque instant contre la déchéance du corps, observée et commentée avec un soin méthodique dans ses romans autobiographiques, notamment À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie (1990) et Le protocole compassionnel (1991), et dont il témoignait à la télévision sur le plateau d’Apostrophes

 

Hymne "guibertien"
Trente ans après la mort, en décembre 1991, du journaliste, écrivain, scénariste et photographe, David Teboul (Sigmund Freud, un juif sans Dieu) rend un émouvant hommage à cette figure intellectuelle et homosexuelle des années 1980, dans un documentaire composé de photographies et planches contacts, souvent inédites, d’Hervé Guibert, de films super-8 de son enfance et d’images puisées dans les quatorze heures de rushes de son transgressif film-testament La pudeur ou l’impudeur, où il a visuellement mis en scène les derniers moments de sa vie. Construit à la manière d’un hymne "guibertien" à l'amour, au corps, au sexe et au désir, Hervé Guibert, la mort propagande – titre de l’un de ses premiers essais paru en 1977 – réunit, dans le décor de lieux aimés – les plages italiennes, la villa Médicis à Rome, l’île d’Elbe où il repose – les images de ceux qui comptèrent parmi ses très proches : Thierry Jouno, l’homme de sa vie mort du sida en 1992 ; son épouse Christine Guibert ; ses amis, le philosophe Michel Foucault – emporté lui aussi par leVIH en 1984 –, les écrivains Eugène Savitzkaya et Mathieu Lindon (qui l’a raconté dans son livre Hervelino) ; mais aussi ses parents et ses deux grands-tantes adorées, Suzanne et Louise, avec lesquelles il entreprit de réaliser en 1980 un roman-photo. Nourri d’extraits de ses textes et lettres lus par le comédien Nicolas Maury, le portrait intime d’un créateur ancré dans son époque, dévastée par la pandémie de sida, et dont l’inestimable legs nous aura ouvert les yeux sur l’effroyable maladie. 


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