Sommaire
1) Une carrière fulgurante sous la Révolution
2) Lecourbe s’illustre dans les campagnes de l’armée du Rhin
3)
- Disgrâce du général sous l’Empire
4)
- Siège de 1815 et décès de Lecourbe
Correspondance
La Bibliothèque municipale de Belfort conserve dans ses collections des manuscrits du général Lecourbe, ainsi que d’autres personnalités avec qui il a entretenu une correspondance.
Ces documents ont été, pour le plus grand nombre, donnés à la Bibliothèque par E. Lhomme, petit-neveu du général, en 1888 ; les autres ont été acquis par la Société belfortaine d’émulation (SBE), qui joua un rôle actif dans la reconstitution de la Bibliothèque à la fin du XIXe siècle.
Nous vous proposons ici une sélection de documents évoquant la destinée du défenseur de Belfort.
Portrait de Lecourbe
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Portrait de Lecourbe
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Lecourbe assiste à la Fête de la Fédération en qualité de représentant du département du Jura, district de Lons-le-Saunier
Pour canaliser les fédérations qui se multipliaient à travers tout le pays, la Constituante, sur la proposition de Bailly, maire de Paris, décida d’instituer dans la capitale une fête de la Fédération nationale, le 14 juillet 1790, au Champ-de-Mars. Les fédérés envoyés par les gardes nationales de toutes les localités, au nombre d’environ 14000, assistèrent à une longue cérémonie, le roi assis sur le trône, La Fayette caracolant sur un cheval blanc, Talleyrand célébrant la messe en plein air. Louis XVI jura de respecter la Constitution et fut acclamé par la foule.
Histoire et dictionnaire de la Révolution française : 1789-1799 / par Jean Tulard, Jean-François Fayard, Alfred Fierro. - Paris : R. Laffont, 1988, p. 815.
Le saviez-vous ?
La fête nationale du 14 juillet a été instituée en 1880 pour commémorer la prise de la Bastille de 1789, symbole de la fin de la monarchie absolue, ainsi que la Fête de la Fédération de 1790, symbole de l’union de la Nation.
Détail du cachet de la Confédération nationale 1790 sur le diplôme de la fête de la fédération du 24 juillet 1790
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Détail du cachet de la Confédération nationale 1790 sur le diplôme de la fête de la fédération du 24 juillet 1790
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Le Calendrier républicain
Une grande partie de la correspondance du général Lecourbe est datée selon le calendrier révolutionnaire.
Une loi de la Convention du 6 octobre 1793 mit en usage un nouveau calendrier. Celui-ci répondait à un objectif politique (exalter la République) et à un objectif antireligieux (éliminer le calendrier grégorien). La proclamation de la République ayant eu lieu un 22 septembre 1792, jour de l’équinoxe d’automne, les révolutionnaires en profitèrent pour en faire le départ d’une ère nouvelle et fixer le début de l’année au moment où tombe l’équinoxe d’automne pour le méridien de Paris. Les nouveaux noms des mois furent choisis par Fabre d’Églantine. La décade était substituée à la semaine. L’année se terminait par cinq jours complémentaires placés après fructidor. Pour les années sextiles, s’y ajoutait un sixième jour, dit de la Révolution. L’an I ne fut pas utilisé, puisque la fondation du calendrier remontait au 15 vendémiaire an II. Napoléon abolit ce calendrier par décret du 9 septembre 1805 (22 fructidor an XIII). […] Le calendrier républicain n’était en effet connu qu’à Paris et isolait la France des autres États.
Lecourbe est accusé de « modérantisme » et envoyé en prison en pleine Terreur
Lecourbe est chef du 7e bataillon du Jura quand il est dénoncé pour modérantisme, en particulier pour des propos tenus au sujet de la Convention, des représentants députés aux armées, et de la révolution du 10 août. Il est incarcéré puis comparaît devant la commission militaire-révolutionnaire. Il passe 127 jours en prison à Amiens, avec la mort pour seule perspective. A la lecture du dossier, Duquesnoy, représentant du peuple, reconnait qu’il a été trompé et que Lecourbe a été calomnié. Tous les bataillons de la brigade dont il faisait partie, ainsi que la commune de Ruffey, demandent sa mise en liberté. Au sortir de l’audience, il est porté en triomphe à un festin qu’un négociant de Nantes donne en son honneur.
Acquittement de Lecourbe- 24 germinal an II (13 avril 1794)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Le « Dumas le rouge », un franc-comtois fidèle de Robespierre et président du Tribunal révolutionnaire
Emprisonné, Lecourbe sollicite son compatriote franc-comtois (les deux hommes se sont connus à Lons-le-Saunier) qui lui répond.
DUMAS (René-François), né à Jussey, Haute-Saône, en 1757, guillotiné à Paris, le 28 juillet 1794.
Prêtre à ses débuts, Dumas abandonne en 1783 « une voie sans but » […] pour se faire avocat. Ses affaires semblent avoir été bien médiocres, car […] Dumas, désargenté, doit revenir à Lons-le-Saunier où il fonde en 1790 un club révolutionnaire dit « club de l’arrosoir ». Meneur du mouvement populaire dans la ville, il réussit à se faire élire maire de Lons-le-Saunier, le 20 mai 1791 […]. Mais c’est après le passage d’Augustin Robespierre que le talent de Dumas trouve enfin à s’exercer pleinement. Invité par ce dernier à Paris, Dumas fait la conquête de Maximilien qui […] le fait nommer, en septembre 1793, vice-président du Tribunal révolutionnaire, puis président à partir du 8 avril 1794. Les contemporains nomment souvent à cette époque le Tribunal révolutionnaire « tribunal Dumas ». Négligeant l’instruction et les procédures, ne se fiant qu’à son « flair » et aux instructions de Robespierre, Dumas sait admirablement terroriser son auditoire et réduire au silence ses victimes par la violence de ses propos. Il fait merveille lors du procès des hébertistes et remplace Hermann, jugé trop mou lors du procès des dantonistes. […] Fidèle à Robespierre, Dumas tombe avec lui.
Histoire et dictionnaire de la Révolution française : 1789-1799 / par Jean Tulard, Jean-François Fayard, Alfred Fierro. - Paris : R. Laffont, 1988, p. 778-779.
Lettre de Dumas à Lecourbe. 14 germinal an II (3 avril 1794)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Lettre de Dumas à Lecourbe. 14 germinal an II (3 avril 1794)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
La carrière militaire fulgurante d’un « enfant du Jura » grâce à la Révolution
[Né le 22 février 1759 à Besançon, Lecourbe] fait aux collèges de Poligny, puis de Lons-le-Saunier, des études [qui s’achèvent promptement en raison d’une] certaine allergie à la discipline. Fini les rêves de magistrature : il s’engage comme fusilier au régiment d’Aquitaine en 1777. La participation à quelques actions militaires […] ne semble pas attirer particulièrement l’attention de ses supérieurs : il n’est encore que caporal en 1785.
Heureusement, la Révolution et la levée des premiers volontaires lui ouvrent à nouveau une porte qu’il croyait à jamais fermée. Elu capitaine au 7e bataillon des volontaires du Jura le 7 août 1791, il est déjà lieutenant-colonel le 24 novembre. Il est alors appelé à faire partie de l’armée de Dumouriez, puis passe sous les ordres de Houchard, Jourdan et Pichegru : années d’apprentissage qui lui permettent de participer aux actions de Hondschoote (8 septembre 1793) et de Wattignies (16 octobre), mais aussi d’être envoyé en prison sur accusation de « modérantisme ». Il est malgré tout promu général de brigade en 1794, ce qui lui vaut d’être à Fleurus (26 juin 1794) avec Marceau. Il est encore au combat de Pfrimm (10 novembre 1795) sous Gouvion Saint-Cyr, puis de Biberach (2 octobre 1796) sous Moreau.
Dictionnaire Napoléon. Tome 2 : I-Z /sous la dir. de Jean Tulard. - Paris : Fayard, 1999, p. 169.
Filigrane de la lettre de Ney, général de division, à Lecourbe. 29 vendémiaire an VIII (21 octobre 1799)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Filigrane de la lettre de Ney, général de division, à Lecourbe. 29 vendémiaire an VIII (21 octobre 1799)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Portrait de Lecourbe
[Le] caractère de Lecourbe, […] ses qualités privées […] lui ont mérité et valu l’affection et le respect de tous ceux qui l’ont approché. A une belle stature, il joignait une contenance imposante et pleine de dignité. […] L’habitude du commandement lui avait communiqué une légère brusquerie que tempérait la crainte de blesser, ou que sa bienveillante franchise réparait aussitôt, ce qui lui avait fait donner par ses amis et par les soldats le surnom de « Bourru bienfaisant ». […] A l’armée, les lâches, les pillards, les indisciplinés le trouvaient inflexible ; mais le soldat courageux, l’officier habile étaient sûrs d’obtenir les récompenses qui leur étaient dues, […] l’habitant du pays conquis voyait en lui son protecteur. Sur le champ de bataille, son coup d’œil était sûr et rapide ; il observait tout avec calme et réflexion.
Source : Le Général Lecourbe : d'après ses archives, sa correspondance & autres documents / Claude Jacques Lecourbe , préface et annotations du général Charles Philebert. – Paris : H. Charles-Lavauzelle, 1895, p. 548-549.
Officier audacieux et intrépide, Lecourbe est parfois rappelé à l’ordre par ses supérieurs pour avoir outrepasser leurs directives. Il se montre également un chef particulièrement soucieux du sort de l’avancement de ses soldats appuyant par exemple la promotion du futur Maréchal de France Gabriel Molitor.
Lettre de Mayer à Lecourbe-16 thermidor an II (3 août 1794)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Lettre de Mayer à Lecourbe-16 thermidor an II (3 août 1794)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort