Sommaire
1) Une carrière fulgurante sous la Révolution
2) Lecourbe s’illustre dans les campagnes de l’armée du Rhin
3)
- Disgrâce du général sous l’Empire
4)
- Siège de 1815 et décès de Lecourbe
Lecourbe nommé général de division le 5 février 1799
Un général de division, s'il est affecté sur le terrain, commande une division, unité tactique composée d’au moins deux brigades, elles-mêmes réunion de plusieurs bataillons, qui manœuvrent ensemble sur le champ de bataille. Une division est par conséquent une unité militaire importante, composée d'un nombre de soldats généralement compris entre 10 000 et 30 000. Elle est capable d'opérations autonomes.
Plusieurs divisions composent le corps d’armée, c’est-à-dire une armée en campagne comme le sont par exemple celles d’Italie et du Rhin pendant la Guerre de la Deuxième Coalition. Le corps d’armée est normalement commandé par un général de division, ou par un Maréchal. Dans l'armée française, Maréchal n'est pas un grade mais un titre honorifique, rétabli par Napoléon en 1804, auquel Lecourbe aurait pu prétendre s’il n’était pas tombé en disgrâce auprès de l’Empereur.
Cachet de la Première République française- Lettre du général Ernouf à Lecourbe-22 brumaire an VII (12 novembre 1798)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Cachet de la Première République française- Lettre du général Ernouf à Lecourbe-22 brumaire an VII (12 novembre 1798)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
La guerre de la Deuxième Coalition (1798-1802)
L’Angleterre prend l'initiative de réunir cette coalition. Elle s'y emploie de septembre 1798 à mars 1799, obtenant les alliances russe, ottomane (en réponse à l'invasion de l'Égypte), autrichienne (après la déclaration de guerre du Directoire, en mars 1799, consécutive au libre passage offert par le Saint-Empire aux troupes russes), napolitaine et suédoise. Quelques principautés allemandes complètent le dispositif.
La guerre débute par plusieurs revers pour la République. Les troupes russes de Souvorov chassent notamment les Français d’Italie en août 1799. Cependant l’armée d’Helvétie, commandée par le général Masséna, bat les Russes et les Autrichiens à Zurich (25-26 septembre 1799) et la capitulation du corps expéditionnaire Anglo-Russe à Alkmaar en Hollande (18 octobre 1799) rétablissent la situation.
Quelques mois après son retour d’Egypte, après avoir mis fin au Directoire par le coup d’Etat du 18 Brumaire (9 novembre 1799), le Premier Consul Bonaparte passe les Alpes à la tête de l’armée d’Italie (col du Grand-Saint-Bernard, mai 1800) et inflige aux Autrichiens la défaite de Marengo (14 juin 1800). En fin d’année, le 3 décembre 1800, l’armée du Rhin du général Moreau remporte la victoire décisive d’Hohenlinden qui oblige l’Autriche, dont la capitale, Vienne, est à présent clairement menacée, à entamer des pourparlers de paix.
Le traité de Lunéville, le 9 février 1801, reconnaît à nouveau à la France la possession de la rive gauche du Rhin ; à laquelle s'ajoute l'acceptation de l'hégémonie française sur l'Italie du Nord, à l'exception de la République de Venise. A nouveau isolée, l'Angleterre, épuisée, accepte de signer le traité d'Amiens (25 mars 1802). Elle restitue à la France toutes ses colonies mais évite de se prononcer sur les acquisitions françaises sur le continent. La France est en paix pour la première fois depuis le 20 avril 1792.
Le vainqueur de Souvorov
[Lecourbe] se montre […] un chef intelligent et audacieux, mais c’est dans la campagne de 1799 qu’il peut prouver son aptitude à commander une armée indépendante. Investi par Masséna du commandement de la droite de l’armée d’Helvétie, il livre un premier combat […] à Martinsbruck (7 mars 1799) et fait prisonnier la troupe ennemie, général compris. Cette journée livre au vainqueur les passages du Tyrol : il se dispose à y pénétrer, mais les défaites de Scherer et de Jourdan obligent Masséna à se replier, annihilant les succès de Lecourbe.
Le général en chef, à la nouvelle de l’approche de Souvorov, enjoint à Lecourbe de s’emparer des débouchés du Gothard par où les Russes doivent nécessairement passer. Il remplit sa mission dans des conditions épouvantables : ses soldats n’ont plus de souliers, plus de pain. […] Le 25 septembre 1799, il est attaqué par une masse dix fois plus forte que son propre effectif. Il est obligé de battre en retraite, mais Souvorov est retenu suffisamment longtemps pour être dans l’incapacité de venir en aide aux Autrichiens qui sont battus par Masséna à Zurich, le 26 septembre. Souvorov ne sait plus alors quel parti prendre : il est contraint à la retraite.
Portrait peint par Xavier de Maistre
Portrait peint par Xavier de Maistre
Commandant en chef de l’armée du Rhin du 24 octobre au 5 décembre 1799
Le Directoire, frappé des qualités exceptionnelles [que Lecourbe] venait de mettre si brillamment en lumière, lui attribue immédiatement le commandement en chef de l’armée du Rhin. Lecourbe finit par accepter, mais saisit l’occasion de transmettre ce commandement à Moreau pour ne diriger que l’aile droite de la nouvelle armée. C’est ainsi qu’il participe à la campagne de 1800 en Allemagne, dans laquelle il sera surnommé par les Autrichiens « général Poisson », eu égard à sa faculté de faire passer les rivières à ses troupes en toutes circonstances.
Lettre du ministre de la Guerre Shérer, à Lecourbe. 3 ventôse an II (21 février 1794)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Moreau, chef et ami de Lecourbe, rival malheureux de Napoléon
Le général Jean Victor Moreau (1763-1813) commandait, en 1800, l’armée du Rhin, avec laquelle il vainquit les Autrichiens à Hohenlinden. Sa participation à la conspiration royaliste de Pichegru, sa rivalité avec Bonaparte entrainèrent son arrestation en 1804, puis son exil aux Etats-Unis.
Sa mort dans les rangs ennemis, en qualité de conseiller du tsar Alexandre Ier, lors de la bataille de Dresde (26-27 août 1813), la première fois qu’il revoyait l’armée française, l’a certainement empêché d’avoir son nom sur une grande artère parisienne. Si son ralliement aux Coalisés reste une tache dans le parcours de ce grand général de la République, il faut rappeler que nombre d’émigrés ont combattu les troupes françaises.
Portrait de Moreau
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Lettre de Moreau à Lecourbe-7 frimaire an VIII (28 novembre 1799)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Portrait de Moreau
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Lettre de Moreau à Lecourbe-7 frimaire an VIII (28 novembre 1799)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Victor-Claude-Alexandre Fanneau de Lahorie, précepteur de Victor Hugo
Volontaire de 1793, [Lahorie] est sous-lieutenant dès la même année, chef de bataillon en 1796, général en 1800. Il s’illustra à la bataille de Hohenlinden en décembre 1800, mais ne fut pas nommé général de division, malgré la proposition de Moreau. Il est mis en non-activité en septembre 1801. Il quitte la France lors du procès de Moreau. Rentré en 1808, il est arrêté en 1810. Lors de sa fameuse conspiration, Malet songe à ce fidèle partisan de Moreau, il le délivre de sa prison de la Force et le charge de se saisir de Savary, ministre de la Police. Mais la conspiration échoue, Lahorie est fusillé avec Malet le 29 octobre 1812. Très lié à [Sophie], l’épouse du général Hugo, on lui a parfois attribué la paternité du jeune Victor [qui porte son prénom et dont il est le parrain ainsi que le précepteur au couvent des Feuillantines. Père de substitution, il devient la figure de référence du jeune Victor Hugo.]
Dictionnaire Napoléon. Tome 2 : I-Z /sous la dir. de Jean Tulard. - Paris : Fayard, 1999, p. 137.
Lettre de La Horie à Lecourbe-18 prairial an VIII (7 juin 1800)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Lettre de La Horie à Lecourbe-18 prairial an VIII (7 juin 1800)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Percy, un ami franc-comtois, chirurgien en chef des armées et grand collectionneur
Né en 1754 à Montagney, dans le Doubs, Pierre François, baron de Percy suit presque toutes les campagnes de l’Empire comme chirurgien. On lui doit la création des ambulances mobiles. Sa correspondance révèle la vive amitié que Lecourbe et lui-même s'inspirent mutuellement.
Pierre-François Percy […],n’a de cesse, tout au long de sa carrière, de lutter pour l’amélioration du sort des blessés. […]. A partir de 1793, il est très vite chargé des responsabilités – sur le papier du moins – du service de santé des armées de la République, qu’il conservera sous l’Empire. Le plus souvent, là où elles se battent et des généraux, tels Jourdan, Lecourbe ou Moreau, sous le charme, vont même le laisser fouiner dans les parcs d’artillerie. Ainsi naît le « wurst » (saucisse, en allemand), long caisson véhiculant huit chirurgiens à califourchon. L’engin […] reflète l’obsession de Percy : porter au plus vite, voire quand la poudre parle encore, des secours appropriés aux victimes des combats sur les lieux mêmes où ils gisent. Une semblable préoccupation l’anime en 1800, lorsqu’il pousse Moreau à négocier avec le général autrichien Kray le statut de l’inviolabilité des ambulances. […] Mais Kray refuse cette Croix Rouge avant la lettre […]. Il faudra attendre Solférino. […]
A défaut de l’écouter, Napoléon l’aura honoré. A la tête du service de santé, professeur à la faculté de médecine de Paris, baron, commandeur de la légion d’honneur, les titres et les fonctions pleuvent. […]
Le nom de Percy est gravé sur l’Arc de Triomphe […]. Lorsque Gros peignit le champ de bataille d’Eylau, [Percy] figure sur l’immense toile. Soutenant un blessé.
Dictionnaire Napoléon. Tome 2 : I-Z /sous la dir. de Jean Tulard. - Paris : Fayard, 1999, p. 488-489.
Portrait de Percy
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Lettre de Percy à Lecourbe-26 thermidor an VII (13 août 1799)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Portrait de Percy
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Lettre de Percy à Lecourbe-26 thermidor an VII (13 août 1799)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Un correspondant de Lecourbe sous le feu de l’actualité en 2021
Deux cents ans après […] Charles Étienne Gudin de la Sablonnière [repose] enfin à Paris. La dépouille de ce général français, mort en 1812 pendant la campagne russe de Napoléon, [a été] finalement [rapatriée] mardi 13 juillet [2021] en France.
La ministre déléguée aux anciens combattants, Geneviève Darrieussecq, a présidé la cérémonie dans un hangar du musée de l'Air et de l'Espace, jouxte de l'aéroport du Bourget. Elle y a annoncé l'inhumation du général aux Invalides, le 2 décembre, anniversaire de la bataille d'Austerlitz, conformément aux vœux de plusieurs associations.
Charles Étienne Gudin de la Sablonnière avait été fauché le 19 août par un boulet de canon ennemi lors de la bataille de Valoutina Gora, à 20 kilomètres à l'est de Smolensk, ville russe près de l'actuelle frontière avec le Belarus.
https://www.francetvinfo.fr
Lettre de Gudin à Lecourbe- 20 nivôse an IX (10 janvier 1801)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Lettre de Gudin à Lecourbe- 20 nivôse an IX (10 janvier 1801)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Lecourbe est nommé inspecteur général d’infanterie en 1801
L’inspecteur a pour mission de recueillir les états de revue, de s’assurer de l’effectif, de la tenue et de l’instruction des soldats, de dresser le tableau d’avancement, etc.
Lecourbe [était alors à cette époque] admis dans l’intimité du premier consul, qui appréciait son mérite et ses talents militaires. Bonaparte avait même formé le projet de se l’attacher par des liens plus étroits, en lui donnant en mariage sa sœur Pauline. […] Ce projet ne fut pas réalisé.
Le Général Lecourbe : d'après ses archives, sa correspondance & autres documents / Claude Jacques Lecourbe , préface et annotations du général Charles Philebert. – Paris : H. Charles-Lavauzelle, 1895, p. 446-447.
Lettre de Delaunay à Lecourbe-7 messidor an II (26 juin 1803)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort
Lettre de Delaunay à Lecourbe-7 messidor an II (26 juin 1803)
Collection Bibliothèque municipale de Belfort