2 - Confiscations révolutionnaires des biens du clergé : saisie des livres des Capucins
Ex libris des Capucins de Thann, in : Voyage en Terre Sainte / Bernhard von Breydenbach. Collection Bibliothèque municipale de Belfort.
Un décret de l’Assemblée nationale de novembre 1789 mit les biens ecclésiastiques « à la disposition de la Nation ». Plus de quatre millions de livres imprimés et de manuscrits furent confisqués. L’inventaire dressé à Belfort le 9 décembre 1790, en vue des saisies révolutionnaires, indique que la bibliothèque des Capucins se composait de 2563 volumes. Y dominaient les ouvrages religieux, les plus nombreux étant les recueils de sermons – 639 volumes –, ce qui s’accordait avec la mission des Capucins. Mais on trouvait aussi des livres de droit civil et ecclésiastique, des philosophes, de l’histoire profane.
Comparer deux exemplaires du même livre issus de Thann et de Belfort
Voyage en Terre Sainte, de Bernhard von Breydenbach
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Focus sur un ouvrage remarquable
Les 24 harpes d'or, de Jean Cassien
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1 - A l'origine des fonds belfortains : les livres du couvent des Capucins de Belfort
Le couvent des Capucins – une branche de l’ordre des Franciscains – fut fondé en 1619, sans doute par la volonté du magistrat de la ville et avec l’assentiment de l’archiduc Léopold, qui administrait les terres patrimoniales des Habsbourg en Haute-Alsace, dont Belfort faisait alors partie. Comme les Jésuites, les Capucins s’étaient fortement engagés dans la lutte contre le protestantisme. À Belfort, ils avaient pour mission de fortifier les habitants dans leur foi catholique. Ils devaient aussi travailler à ramener au catholicisme les protestants du comté de Montbéliard.
Ils constituèrent une bibliothèque, qui s’enrichit au fil des ans. Dans les volumes qui leur appartenaient, ils inscrivaient « à l’usage des Capucins de Belfort ». Cette marque de provenance est précieuse pour reconnaître dans les fonds conservés à Belfort les ouvrages de leur bibliothèque. Elle se composait de livres qu’ils avaient acquis – le prix est souvent noté sur la page de titre avec la date d’achat –, auxquels s’ajoutaient des dons. Simon Camus de Morton, qui fut gouverneur de Belfort de 1689 à sa mort, survenue le 16 février 1712, leur légua ainsi sa bibliothèque.
Ex dono "A l'usage des Capucins de Belfort par M. de Morton Gouverneur 1712." de Simon Camus de Morton (gouverneur de Belfort, 1635-1712), in : Divers voyages de la Chine et autres royaumes de l'Orient..../ Alexandre de Rhodes. Paris : chez Christophe Journel,1681. Collection Bibliothèque municipale de Belfort.
Ex libris "Ad usum Capucinorum Belfortentium", in : Histoire de S. Grégoire-le-Grand... / dom Denis de Sainte-Marthe. Rouen : chez la Veuve de Louis Behourt, 1697. Collection Bibliothèque municipale de Belfort.
Note manuscrite du président de la SBE de l'époque, Georges Corbis, in : Bulletin de la Société Belfortaine d'Émulation, n°12, 1893. Collection Bibliothèque municipale de Belfort.
3. Transfert des livres des Capucins dans un "dépôt littéraire"
Il fut arrêté que les livres saisis seraient transférés dans des « dépôts littéraires » ouverts dans chacun des districts qui composaient alors les départements. Le dépôt de Belfort – chef-lieu d’un des trois districts du Haut-Rhin – reçut, outre les livres des Capucins de la ville, ceux des Capucins et des Franciscains (Cordeliers) de Thann. S’y ajouta le produit d’autres confiscations : biens des émigrés et des prêtres réfractaires. Au total, entre 8500 et 10000 volumes furent déposés à Belfort.
Licence Creative Commons
Mariette Cuénin-Lieber a autorisé la diffusion de ce dossier sous la licence Creative Commons CC BY-NC-ND http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr/.